Union européenne : quelle égalité homme-femme en termes de sport ?

Quelle responsabilité du Parlement européen pour l'égalité des genres en matière de sport ? Photo : L.D. hémicycle du Parlement européen de Strasbourg

Alors que les deux demi-finales de la compétition étaient placées sous le signe de la lutte contre toute forme d'injustice sociale, DF foot s'est interrogé sur le rôle que peut jouer l'Union européenne dans la reconnaissance de l'égalité homme-femme dans le sport. Un chemin qui semble encore long pour Eva-Britt Svensson, eurodéputée suédoise, présidente de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres.



Quels sont les principaux constats de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres en termes de sport féminin ?

Eva-Britt Svensson - Source photo

Les stéréotypes liés aux genres commencent dès le plus jeune âge et vous vivez avec. Les garçons sont représentés en pleine action pratiquer leur sport, tandis que les filles restent passives sur les photos. Nous devons changer ce type de représentation dès le début et faire des campagnes pour montrer qu’il est important pour les femmes d’avoir les mêmes possibilités et ainsi se forger une opinion pour améliorer la situation dans les médias.

Le sport constitue-il une bonne approche pour mettre en lumière l’égalité des genres ?

Je pense, oui, mais ce n’est pas la seule. Même si beaucoup d’angles d’attaque sont nécessaires, le sport constitue tout de même l’un des plus importants. Beaucoup de citoyens sont en effet impliqués dans le sport. Cela constitue donc une belle opportunité pour mettre en avant l’égalité des genres dans les disciplines sportives et lutter contre les stéréotypes.

L’Union européenne est-elle en mesure de mener des campagnes à ce propos ?

Au niveau européen, c’est difficile. Quand j’essaye de lancer des campagnes sur ce sujet, on me dit que ce n’est pas une question pour l’Union européenne, mais pour les fédérations et les organisateurs d’événements sportifs. Cependant, selon moi, c’est de notre responsabilité de mener des campagnes sur ce sujet, tout comme nous menons des campagnes sur d’autres thèmes concernant l’égalité des genres. Mais cela prend du temps pour faire évoluer les mentalités.

Quelle est la position des eurodéputés sur ce sujet ?

Je suis navrée de devoir reconnaître que quand il s’agit de mots, certains députes européens sont d’accord avec moi. Mais dès que je demande des actions concrètes, cela devient plus difficile. De plus, pour mettre cette question à l’agenda, je dois recevoir le soutien de la commission culture. Sans cela, il semble plus difficile de le faire accepter aux autres membres, qui peuvent prendre cela pour une question féministe. Pourtant, il s’agit bien d’une question qui concerne tout le monde. Je reste cependant optimiste, les choses évoluent pas à pas. Dans mon pays d’origine, en Suède, cela devient de plus en plus normal de diffuser des matches de football aussi bien masculin que féminin. Un changement est donc possible.


Le foot féminin est très populaire en Suède, est-il l’égal du football masculin ?

Pas vraiment au même niveau, mais il s’en rapproche. Je constate encore que les femmes n’ont pas la possibilité de s’entraîner aussi longtemps que les hommes. Nous avons bien sûr encore des différences, mais cela s’améliore. La demande émane même des citoyens qui sont très impliqués dans le sport féminin. Je dirais même que quand nous parlons de sport en Suède, les choses progressent beaucoup. Le personnel des jardins d’enfants et des écoles prend conscience qu’il est très important d’offrir les mêmes chances aux petites filles en termes de sport. Ils travaillent d'arrache-pied pour proposer les mêmes possibilités dès le début. C’est un long combat contre la fin des stéréotypes.  

Propos recueillis par Lucie Dupin